Cucine(s) le long de L'Aire

Cucine(s) le long de L’Aire est le fruit
 d’une enquête à la rencontre des pratiques culinaires multiculturelles des habitant.e.s d’un territoire. Cucine(s) fait émerger dans l’espace social et dans un espace de partage construit, les connaissances intimes,
les cultures orales et les savoirs populaires en explorant la relation entre la cuisine,
la construction sociale, le paysage et les êtres vivants qui l’habitent.
Le projet en quatre questions à Floriane Facchini, metteuse en scène

Que raconte la nourriture du paysage où elle s’inscrit ?

Voir un lieu ne suffit pas, il faut aussi le goûter. Plusieurs enjeux sont ressortis de l’enquête : la question du sol, de l’eau, et de l’agriculture, problématiques communes aux professionnels et aux habitants aujourd’hui. Comment échanger entre agriculteurs.trices pour sortir du système économique d’où nous venons ? Comment faire pour que les consom- mateur.trice.s participent aux démarches
de production singulières sur un territoire ? Ce projet donne le courage de parler ensemble de ces questions gérées souvent individuellement. L’Aire est le théâtre d’une renaturation qui permet cette transformation.
Qu’est-ce qui motive les gens à livrer leurs recettes ?
Les personnes que nous avons approchées lors de l’enquête livrent leurs recettes après avoir entendu nos démarches antérieures réalisées en Europe. Certaines recettes restent secrètes, spécialement parmi les professionnels de la restauration, sinon pour tous, la cuisine est un lieu d’échanges.

Les recettes appartiennent-elles à la tradition ou à l’innovation ?

Pour la plupart, elles sont simples et toutes sont à base de produits locaux très peu transformés,
à la cuisson courte et croquante, d’autant que
les bords de l’Aire offrent une agriculture très pré- sente, des produits frais, accessibles, des plantes sauvages comestibles aussi. Nous sommes loin des plats mijotés qui s’apparentent à la tradition.

Qui sont ces personnes qui nous font déguster leur paysage ?

Daphné et Thimotée ont créé un collectif de permaculture. Ils arpentent les bords de l’Aire
et cueillent des plantes sauvages. Daphné et
son mari Alexandre ont transformé la maison de famille en lieu d’expérimentation de perma-culture. Nous avons rencontré deux agricultrices aussi. Une d’entre elles élève des bufflonnes pour produire de la mozzarella. Elle ne le fait pas dans le seul but de produire un fromage, mais pour la relation avec ces bêtes qui ont la particularité d’avoir un cycle de vie dans la ferme plus long, jusqu’à 10 ou 12 ans. Et puis il y a la jeune fille de la famille Gallay, qui a repris la production familiale de fruits, légumes et de fleurs, dans laquelle elle introduit des changements. Pour chacune, c’est une histoire au long cours qu’elles nous ont raconté. D’autres ont des parcours plus singuliers, comme Laurent Burgisser qui a longtemps réfléchi avant de reprendre l’exploitation familiale et a préféré étudier la biologie et la botanique. Il s’est intéressé au blé ancien, mais aucun moulin ne voulait le moudre, alors il a créé lui-même un prototype de moulin pour mener
à bout son projet. C’est devenu la Ferme à Roulettes, une Farm-Lab axée sur la recherche et le développement qui permet de produire pour manger soi-même et non pour vendre unique- ment. Et puis, il y a des retraités passionnés. L’un a passé sa vie à analyser la qualité de l’eau du Léman et guette le retour du poisson dans l’Aire, comme dans son enfance ; l’autre nous a fait découvrir des endroits où viennent se nicher des espèces que l’on ne voit pas au grand jour. Toutes ces personnes témoignent d’une plaine de l’Aire en passe de devenir un laboratoire d’expérimentation agricole de qualité.

Interview de Floriane Facchini par Hélène Mariéthoz, 17 août 2021

Cucine(s) ouvre un livre de recettes en plein air. Avec saveurs locales, secrets, souvenirs et convivialité. Pour récolter tous les ingrédients du banquet final, Floriane Facchini pousse les portes des cuisines familiales et professionnelles, rencontre les spécialistes et moins spécialistes de la pêche, de l’apiculture, de l'agriculture et de la botanique et en recueille recettes et récits, photographies et brins de nature comestibles. Au bord de l’Aire qui réunit et nourrit les communes maraîchères et viticoles de Bernex, Confignon et Perly-Certoux, une balade apéritive précède le grand repas qui se prépare pour les habitant·e·s et le public. C’est à la création d’un « récit culinaire » que l’on assiste, constitué des voix et expériences des acteur·rice·s du patrimoine local. Et puisqu’un livre de recettes, c’est bien plus que des mots, une exposition de photographies complète le repas de la saveur des rencontres et des moments partagés.

Distribution
Conception, enquête et mise en scène : Floriane Facchini
Scénographie : Roberta Pracchia, Floriane Facchini et Manu David
Création sonore : Mattieu Delaunay et Floriane Facchini
Prise de son : Xavier Lavorel, Franck Serpinet, Céline Carridroit, Floriane Facchini et Mattieu Delaunay
Montage son : Franck Serpinet, Mattieu Delaunay et Floriane Facchini
Régie générale et construction décor : Manu David
Photographie : Dorothée Thébert
Création musicale : Vincent Erdeven
Dessin et écriture graphique : Oliver le Zizien
Cuisinières : Cécilia Olivieri, Zoé Juget et Claire Barbas.
Costumes : Roberta Pracchia et Floriane Facchini
Avec la voix de Claude Thébert.

Remerciements
Céline Carridroit, Neyda Paredes, Mathias Gautschi, Frédéric Pitaval, (L’appel du Rhône), Massimo Montanari (historien spécialiste de l’histoire de l’alimentation), Georges Descombes (architecte).Les communes de Confignon, Bernex et Perly Certoux.
Un grand merci à tous et toutes les habitant.e.s qui ont participé au projet et aux bénévoles de La Bâtie-Festival de Genève.