Ce que nous dit l'eau # Le Ruisseau des Aygalades

Dans les quartiers Nord de Marseille, à quelques pas de la cité des Aygalades, se trouve un véritable trésor. Un écrin de verdure caché au milieu du béton, et deux cascades, issues d'un ruisseau longtemps négligé. Nous voulons créer avec les habitant.e.s de la cité un lien d'attachement à ce cours d'eau. A partir de leurs propres histoires, de leurs origines, de leurs croyances, et de leurs pratiques culinaires nous voulons créer des récits et des recettes d'attachements pour prendre soin de cet environnement et du lieu où ils habitent. Les quartiers dits populaires sont les laissés pour compte de la question écologique et alimentaire, pourtant, ce sont eux aussi qui payent le plus lourd tribut de la pollution et du réchauffement climatique.
Les récits et l'alimentation sont de formidables outils pour changer de perspective et s'engager dans cette révolution écologique nécessaire de manière active, collective et joyeuse. Ce projet donnera lieu à un rituel culinaire au pied de la cascade, mélangeant différentes traditions et savoir-faire liés aux habitant.e.s. Nous utiliseront les produits de la ferme Capri qui se situe sur le territoire et les plantes sauvages comestibles locales. Le but est de composer une histoire commune et de recréer du lien et du sens, de préserver et de revendiquer ce territoire et la nécessité d’en prendre soin. Car l’eau est aussi un bien commun qui nous nourrit.
Floriane Facchini & Cie

Récit d’enquête - semaine I - du 4 au 9 décembre 2023

Les récits et l’alimentation sont de formidables outils pour changer de perspective et recréer du lien! Deux ans après le joyeux banquet de Cucine(s) réalisé en juin 2022 avec les habitant.e.s du quartier des Aygalades, toujours à l’invitation de Lieux Publics, Floriane Facchini & cie débute un nouveau chapitre de Ce que nous dit l’eau, une création et une recherche pour les territoires d’eau. 

Pendant une semaine, nous avons rencontré des maraîchers urbains et des scientifiques, des biologistes, des hydrologues, des cueilleurs et des artistes. Nous nous sommes penchés sur la question d’un fleuve rendu invisible, extrêmement pollué mais pourtant si excitant symboliquement, poétiquement, naturellement, pour créer avec les habitant.s un Ce que nous dit l’eau très spécial sur le ruisseau / fleuve des Aygalades, dans le quartier populaire du même nom. 
La semaine s’est terminée par un repas festif, un rituel culinaire pour démarrer la création, avec tous les participant.e.s. 
Au menu, des pâtes fraîches faites maison au pesto sauvage de Diplotaxis fausse-roquette (réalisé avec l'aide de l'ethnobotaniste Thomas Ferrand), des légumes rôtis de la ferme Capri et d’un gâteaux de chocolat-tanaisie (également réalisé avec l'aide de l'ethnobotaniste Thomas Ferrand). Le tout accompagné par les kéfirs à base de plantes sauvages méditerranéennes de Sylvie Allegrini. 
Nous nous sommes régalés, nous avons mangé, dansé et remis au centre de la table des notions, à nos yeux, fondamentales : les récits et l’alimentation sont de formidables outils pour changer de perspective, recréer du lien et s’engager dans cette révolution écologique de manière située, collective et joyeuse.

Récit d’enquête - semaine II - du 19 au 24 février 2024

Premier chapitre du vaste programme de Ce qui nous dit l’eau : déployer sa démarche située, écrire ensemble des nouveaux récits, renouer avec l’entité du fleuve, créer des rituels culinaires d’attachements pour changer de perspectives et s'engager dans cette révolution écologique de manière collective, active et joyeuse.
Ensemble, avec cette bande heureuse, nous avons commencé notre enquête en visitant les deux cascades des Aygalades, pour le moment asséchées. Dur constat pour certaines et grande émotion pour d’autres, qui visitent ce fleuve situé à quelques mètres de chez elles, pour la première fois de leur vie : c’est un endroit magnifique, inattendu, mais c’est aussi une déchetterie à ciel ouvert. Avec elles, nous avons cueilli quelques plantes sauvages et échangé sur leurs utilisations dans des recettes traditionnelles d’Algérie, des Comores ou de Corse. Puis nous avons partagé un biscuit réalisé avec des plantes de milieu humide, la reine-des-prés et la berce, et nous avons commencé à dérouler des récits d'ici et d'ailleurs sur comment renouer des liens à ce fleuve par le prisme de l’alimentation. L'eau et l'alimentation sont nos points d'ancrages dans la vie et sur les territoires. Il faut en prendre soin, et pour en prendre soin il faut d'abord en prendre conscience, se relier.